PIERE LAPIN

DEUXIÈME PARTIE

Un petit corps brun et mouillé passe sous le nez de Mr. Mac Grégor, franchit la fenêtre et renverse trois pots de fleurs.

Mr. Mac Grégor veut le poursuivre; mais la fenêtre est trop petite, seule sa botte y peut passer. Las et découragé, il prend le parti de retourner planter ses choux.

Pierre s'assied pour se reposer. Il est essouflé, tout trempé et tremblant. Le plus fâcheux, c'est qu'il n'a pas la moindre idée du chemin qu'il doit prendre pour retrouver la barrière!

Il erre de ci, de là, à petits pas, petits pas, en regardant tout autour de lui.

Il y a une porte dans la muraille; mais cette porte est fermée à clef. Pas moyen pour un petit lapin bien gras et bourré de légumes de se glisser dessous.

Justement une vieille souris franchit le seuil.

"Madame Souris, savez-vous où se trouve la barrière du jardin?"

Mais la souris porte un gros pois dans la bouche. Impossible de parler; elle se contente de hocher la tête. Pierre se met à pleurer.

Puis, tout à coup, il part droit devant lui au travers des plates-bandes. Voici un bassin où Mr. Mac Grégor remplit ses arrosoirs, bien sûr!

Une chatte blanche se tient au bord, immobile, guettant les poissons rouges. Seul, le bout de sa queue va et vient comme un balancier. La chatte n'a point vu Pierre: "Ce qu'il y a de mieux à faire," pense-t-il, c'est de s'éloigner sans rien dire: "Mon cousin Jeannot m'a fort mal parlé des chats!"

Il revient sur ses pas au travers des légumes. Rien ne tente quand on a bien mangé et qu'on a perdu son chemin. Mais quel est ce bruit? Scrou, scrou, scrr. . . . Impossible de voir: les choux sont trop hauts. Pierre saute sur une brouette. Ciel! Encore Mr. Mac Grégor; il ratisse les oignons; mais derrière son dos, voici enfin la _Porte_!

Pierre descend doucement de la brouette, puis détale à toutes jambes le long des cassis.

Il faut passer tout près de Mr. Mac Grégor qui l'a vu; mais tant pis, car voici la barrière. Il y touche . . . la voilà franchie . . . maintenant il est en sûreté dans le bois.

Mr. Mac Grégor ramasse la petite jaquette et les sabots pour en faire un épouvantail. Mais les oiseaux les reconnaissent et n'en ont point peur.

Pierre court, sans se retourner, jusqu'à son terrier creusé sous le gros sapin.

Il se laisse tomber sur le sable doux, et ferme les yeux. Mère Lapin est là qui fait la cuisine. "Hé, petit, qu'as-tu fait de ta jaquette et de tes sabots?" Pas de réponse, Pierre est endormi. Son sommeil est agité, il dresse les oreilles et il sursaute. Sans doute il rêve qu'il court encore. Mère Lapin est fort mécontente: c'est la seconde fois, en quinze jours, qu'il perd sa jaquette et ses sabots.

Hélas! Pierre fut malade toute la soirée; sa mère le mit au lit et lui fit prendre de la camomille.

"Une cuillerée à bouche avant de dormir." C'est très amer; mais fort digestif!

Flopsaut, Trotsaut et Queue-de-Coton eurent du pain, du lait et de bonnes mûres pour leur souper.

Sixtine Carette, L2 Design, Pratique 2D, université Toulouse – Jean Jaurès, 2018-2019 - source Project Gutenberg